dimanche 29 juin 2014

Professionnellement parlant

Ceux avec qui nous n’avons pas eu de contact explicite ces derniers mois ou semaines se demandent probablement comment on s’en sort, si le doctorat de Thomas avance bien et si Laetitia a trouvé un boulot… On vous sert ici les dernières nouvelles sur un plateau.

Prof de français, hein ?

Commençons par le cas désespéré mais pas tant de notre chère Mougnou féminine. Bon, je vais arrêter de parler de moi à la troisième personne.
Vous saviez qu'ils ont dix façons de compter, si ce sont
des gens, des machines, des animaux, des trucs plats...
J’ai donc bien trouvé en août 2013, soit avant même notre arrivée, un poste de professeur de français pour LCF Fun Languages, un club de langues à horaire décalé, pour les enfants après l’école ou les adultes en soirée. Le job de rêve, parfait. Mais voilà, si l’espagnol et le chinois mandarin semblent avoir des adeptes, le français ne partage pas la vedette. Cela pourrait s’expliquer en partie parce que les gens qui veulent apprendre le français pensent spontanément à l’Alliance Française (qui n’a jamais répondu à ma postulation) ou sont trop fainéants que pour téléphoner et effectivement démarrer leur apprentissage. Conclusion : en tout et pour tout, j’ai donné cours pendant deux mois à une famille qui voulait apprendre le français avant de partir en vacances au pays du croissant, du fromage et du vin (pour entretenir les stéréotypes).
A côté de ça, j’ai bien entendu posté quelques annonces sur Internet et au supermarché. Le nombre de personnes m’ayant contactée par ce biais s’élève à 5. Le nombre de personnes parmi elles que j’ai effectivement rencontrées pour donner cours s’élève à zéro, malgré des relances de ma part.
Dans ce tableau sombre et sans issue, une lueur d’espoir se dessine tout de même : j’ai rencontré via ce type d’annonce un voyageur japonais proposant un échange linguistique. Il voulait au départ améliorer son anglais, mais le français l’intéressait aussi. Voilà donc que j’apprends des bases de japonais tous les vendredis matins après lui avoir enseigné des notions de français.

Et pourquoi pas bosser dans le sous-titrage ?

Une opportunité sans égale s’est offerte à moi quand un ami m’a recommandée auprès de l’équipe du site Crunchyroll, qui offre un service sous-titrage d’animés japonais (on ne dit pas « manga », c’est réservé à la version papier !) avec diffusion quasi simultanée des nouveautés pour les fans du genre. Voilà donc qu’après avoir passé le test de sélection il y a quelques mois, j’occupe l’équivalent d’un quart-temps (parfois un peu plus) à passer après le traducteur pour vérifier les sous-titres en français, ce qui inclut la grammaire, l’orthographe, la formulation et la forme. Un travail de perfectionniste, en somme. Ça tombe bien !
Si la rémunération offerte ne permet pas de faire des folies, elle s’avère toutefois équivalente à celle obtenue en donnant cours, si on compare les 40 minutes supplémentaires de déplacement pour chaque heure de cours au fait de rester chez moi et travailler sur mon ordi. L’exercice physique en moins, par contre…

Cet exemplaire de Plato
a traversé la Terre !
Tant qu’à être volontaire…

Comme déjà raconté dans un article précédent, je fais du volontariat dans un magasin de seconde main lié à une organisation chrétienne. Dans mes moments perdus, je me dis que si j’avais été payée 1$ par heure, j’aurais déjà pu m’offrir un beau jeu de société avec tout le temps que j’y ai déjà passé. Trois heures par semaine, ça va vite…
Non contente de consacrer tout ce temps à une bonne cause, j’ai contacté la rédactrice en chef de mon magazine préféré pour lui fait part de ma motivation à intégrer l’équipe en tant que volontaire. Et j’ai eu la chance d’y être acceptée pour participer à la rédaction !
Me voilà donc en phase d’apprentissage pour m’imprégner des habitudes, tons, sujets, et façons de procéder du magazine belge Plato, dédié aux jeux de société. Si vous ne connaissez pas, vous pouvez aller faire un tour sur leur site Internet, il existe plusieurs e-numéros en guise d’échantillon.
Si la City Mission n’offre pas le resto mensuel entre volontaires, Plato, au moins, m’a fait rapidement parvenir un exemplaire de la dernière parution !

L'employé du mois !
Pendant ce temps, à l’université…

Secrets industriels obligent, votre dévoué rédacteur mâle ne peut malheureusement pas s’étendre au sujet de son projet principal, ni de son projet moins principal d’ailleurs. Je peux néanmoins vous dévoiler que mon travail dans le domaine du diabète avance bien et qu’entre la chimie organique, la biologie moléculaire, les aspects réglementaires et l’étude de commerciabilité, mes semaines sont suffisamment variées que pour ne pas laisser de place à l’ennui. Tout le monde semble satisfait de mes progrès, ce qui n'est pas pour me déplaire. En plus de cela, une demi-journée par semaine est dédiée à un projet secondaire de nanobiotechnologies, avec une autre équipe. Pour être certain de bien diversifier mes activités, je donne également cours particuliers de chimie analytique et de diverses branches de biologie à un sexagénaire bien décidé à décrocher un diplôme universitaire. Bref, j’apprends beaucoup et je suis bien occupé, mais c’est très gratifiant !

jeudi 19 juin 2014

Le Chinese Lantern Festival

Petit retour sur les bancs de l’école, au cours de calcul, avec le problème suivant.
La population Chinoise est la communauté asiatique la plus représentée en Nouvelle-Zélande avec 170 000 individus. Sachant que la ville de Christchurch compte environ 350 000 habitants et que la population asiatique représente 9% de cette masse humaine, environ combien d’habitants de Christchurch sont originaires de Chine ?
Question bonus : quelles sont les probabilités qu’un festival y soit organisé pour le nouvel an chinois ?

C’est donc bien de ça que nous allons vous parler avec quelques mois de retard : le Chinese Lantern Festival qui a eu lieu… le 22 février.

Le calendrier chinois a été établi plus de 2600 ans avant la naissance de notre cher Jésus. Si la date n’est pas très précise, c’est parce qu’il existe en réalité plusieurs versions de l’histoire ainsi que des sites plus appropriés que ce blog pour approfondir la question. Ce qu’il faut retenir, c’est surtout que cette fête très importante qu’est le Nouvel An Chinois a plongé 2014 dans l’année 4711, placée sous le signe du Cheval.

C’est donc l’occasion idéale de rendre hommage en un weekend aux traditions chinoises qui durent habituellement une semaine, ainsi qu’à l’art remarquable qu’est la réalisation de lanternes.

Nous voilà donc embarqués à vélo en début de soirée pour parcourir les deux kilomètres qui nous séparent de l’immense Hagley Park, où se tient la manifestation. L’après-midi était principalement destiné à un public familial avec diverses animations musicales et stands dont certains particulièrement conçus pour les enfants. Beaucoup n’ont pas hésité à emmener leur pique-nique pour passer un moment décontracté sous le soleil estival.
Nous sommes arrivés à l’instant-charnière où les parents se disent qu’il est peut-être temps de rentrer pour mettre le petit Jack au lit et donner à manger à Kitty (noms les plus populaires pour respectivement un petit garçon et un chat), et décident donc de s’en aller pendant que les visiteurs du soir arrivent. Cela n’empêche pourtant pas de nombreuses demi-portions de traîner devant les superbes lanternes exposées dans le parc, et ainsi gâcher les photos de quelques touristes qui doivent déjà attendre que les poussettes passent avant de déclencher leur appareil photographique.

Alors que beaucoup plus de monde que ce qu’on aurait imaginé formait un interminable tapis au sol en face de la scène, nous nous faufilons pour jeter un coup d’œil curieux aux tonnelles qui jonchaient le festival, dont la plupart avaient pour activité principale de vendre de la nourriture tandis que d’autres vendaient des objets divers (dont des lanternes, quelle surprise !) et quelques-uns proposaient des animations, mais ceux-là fermaient pendant que la proportion d’enfants présents au festival diminuait vertigineusement. Le plus intéressant que nous ayons pu voir était une exposition de longues toiles peintes par des écoles pour représenter l'alliance entre la Nouvelle-Zélande et la Chine dans l'année du Cheval. Et puis aussi, nous avons appris que les personnes nées sous le signe du Lapin sont gâcieuses, gentilles et calmes tandis que celles liées au Dragon sont aristocratiques, directes et égoïstes. Devinez qui est quoi... 
Pour clôturer le tout, on a même eu droit à un bref spectacle de dragons traditionnels qui se baladaient dans le parc ainsi qu’à un concert de métal chinois. Ils n’ont définitivement pas la même notion de « métal » que nous…

Finalement, rien d'incontournable, mais c'était quand même sympa de se promener et admirer ces lanternes.

Et maintenant, place aux photos !




Au fait, la réponse est environ 15 000. Bah oui, tous les Asiatiques ne sont pas Chinois ;)

dimanche 8 juin 2014

Le Canterbury Museum arpenté de long en large

Reconstitution d'une rue
de l'époque coloniale.
Nous avons brièvement mentionné l’extraordinaire Canterbury Museum dans l’un de nos articles précédents mais nous n’avons pas encore pris le temps d’en parler réellement. Prenons-le donc maintenant !

Je veux la même table chez moi !
(plan de la ville en mosaïque de bois)
Un bâtiment classé (par ordre alphabétique) presque aussi vieux que le monde – comprenez qu’il a été bâti vers 1880 – abrite une collection aussi intéressante qu’hétéroclite d’objets divers en lien, ou pas, avec la Nouvelle-Zélande, la province de Canterbury et Christchurch. L’architecture en soi doit être impressionnante pour les locaux. C’est bien joli tout ça, mais nous, on est quand même habitués à voir des églises moyenâgeuses à tous les coins de rue. Rien d’exceptionnel donc, même si c’est assez plaisant à l’œil, effet renforcé par la médiocrité et/ou l’état de destruction des bâtisses avoisinantes.


La première partie du rez-de-chaussée expose l’histoire des peuples de Nouvelle-Zélande à travers des reconstitutions de scènes quotidiennes de la vie des peuples indigènes et la présentation de nombreux objets authentiques. On peut ainsi avoir un aperçu du mode de vie des Maoris et de leurs prédécesseurs avant que les bénis colons européens arrivent et s’approprient les terres, proposant toutefois gentiment au peuple qui l’avait devancé d’intégrer sa culture occidentale. Plusieurs récits, cartes et photos permettent de se projeter en arrière dans le temps et s’immerger dans l’époque de la fondation de la ville de Christchurch.

Il a littéralement découpé une maison
avec un bon usage d'ampoules pour arriver à cet effet.
En sortant de cette salle, on arrive près des expositions temporaires. De quoi surprendre ! On vous a déjà parlé d’une exposition poignante nommée « 37 secondes » en lien avec le tremblement de terre. A notre dernière visite, le même espace était occupé par quelque chose pour le moins insolite : un artiste australien qui porte bien son nom (Ian Strange) a eu la lumineuse idée de tirer parti de quelques maisons de Christchurch vouées à la démolition pour en faire des œuvres d’art. Il les a ensuite immortalisées en une série de photos ainsi qu’une vidéo certes bien filmée mais terriblement ennuyeuse. La prochaine expo sera, il semblerait, dédiée aux photos du tremblement de terre prises par les forces de l’ordre.

Une autre expo temporaire transformait le grand hall en banlieue submergée par l’art de rue.  Des tags partout, des fausses pièces avec de l’art contestataire et même un comptoir pour acheter des exemplaires des tableaux exposés. L'artiste anglais Banksy bénéficiait d'une place particulière dans ce pseudo-hangar ; son art est à la fois dérangeant, interpellant, plein d'évidences contestables et de vérités inquiétantes qu'on voit rarement exprimées. Il fallait oser, ils l’ont fait.

Si cet artiste vous interpelle, n'hésitez pas à jeter un coup d'œil à ce site : https://www.artsy.net/artist/banksy


Juste à côté se trouve la curiosité la plus curieuse du pays : la Paua shell house ! Le couple formé par Fred et Myrtle Flutey est mondialement célèbre en Nouvelle-Zélande. Leur influence a été jusqu’à faire d’eux des stars de la publicité ! Et le début de l’histoire ? me direz-vous. Ils collectionnaient les « paua shells », un nom maori qui désigne une espèce de coquillage ou escargot marin. Non contents de simplement les collectionner, ils ont entièrement transformé leur maison en une horreur kitschissime en couvrant les murs de ces coquillages et en bricolant des décorations, certes bien faites, à partir de ces choses ramassées le long des côtes. Rien que cette partie du musée vaut le détour ! Avec une vidéo de présentation en prime ! Bon, en attendant une photo exclusive prise par nos soins, vous pouvez assouvir votre curiosité sur ce lien.

" La véritable sagesse de l'homme se trouve
dans la barbe de Confucius. " Proverbe chinois.
On passe à l’étage en zappant la cafétéria : trop cher et rien qui fait vraiment envie. On arrive dans la zone Antarctique. La NZ a participé à plusieurs expéditions sur le continent blanc, notamment une organisée par le commonwealth. Je passe les détails historiques car, de toute façon, ils ont déjà quitté ma mémoire. En tout cas, c’est intéressant de se dire que personnellement, on n’oserait jamais aller au Pôle Sud avec un équipement pareil, qui était pourtant à la pointe à l’époque. Mention spéciale aux gants et chaussures polaires des différents pays qui ont participé à l’expédition. Mais ne nous étendons pas sur le sujet, l’Antarctic Centre le fait déjà.

Une section dédiée à l’écologie nous apprend entre autres qu’il faut bien fermer les rideaux le soir afin d’isoler la maison et réduire le gaspillage d’énergie. Ils ne parlent absolument pas du double vitrage.

En plus de l’habituelle salle où se côtoient meubles anciens, bibelots et vieux costumes, on peut voir d’autres sections pour le moins surprenantes :
-          Un « sous-musée » nommé Discovery qu’on n’a pas encore visité ;
-          Une salle avec des dizaines d’oiseaux empaillés ;
-          Une zone honorant la Chine avec sa vaisselle et ses statuettes en porcelaine ;
-          Une parenthèse égyptienne ;
-          Quelques dinosaures ;
-          Des éléments de géologie avec notamment une carte interactive des tremblements de terre néozélandais ;
-          Une reconstitution de rue de Christchurch à l’époque de sa fondation, avec la possibilité de se balader dans les faux magasins ;
-          Une salle fourre-tout où on se demande ce qu’ils ont voulu faire ;
Derrière toi, mon chéri, c'est affreux !
-          Une super boutique de musée avec des souvenirs un peu plus originaux que ceux dont on a l’habitude, même s’il y a les habituels porte-clés et magnets (au grand bonheur d’un certain petit frère qui attend pourtant encore désespérément que son cadeau lui parvienne).


Oh, et vous savez quoi ? Tout ça, c’est gratuit, ou plutôt, chacun est laissé face à son jugement et à sa conscience. Les dons sont plus que bienvenus, mais vous pouvez décider du montant à leur offrir après votre visite et vous n’êtes même pas obligé de soutenir financièrement le musée.

mercredi 4 juin 2014

L'heure de la célébrité

Aujourd'hui, on va un peu se la péter, car le blog de vos serviteurs, celui que vous suivez assidûment depuis le mois d'août 2013, a été élu blog du mois sur expat-blog.com ! Pour l'occasion, nous avons eu droit à une vraie interview de star, comme vous pourrez le découvrir dans les lignes ci-dessous :


Laetitia, 25 ans, et Thomas, 27 ans, tous les deux originaires de Belgique (côté wallon). L’une est une professeur de français, actuellement sans réel emploi, et l’autre un chimiste qui a entamé un doctorat en biochimie après avoir travaillé deux ans dans l’industrie. Nous sommes passionnés de jeux de société et on s’adonne volontiers à la photographie.

Comment vous est venue l'idée de vous installer à Christchurch ?
D’abord, c’était une volonté de changer d’air et voir comment se passe la vie ailleurs. On visait un pays anglophone par facilité. On pensait aller vivre un moment en Nouvelle-Zélande parce que c’était un pays très loin et très beau dont on entendait parler très positivement. Mais pas de suite, « plus tard ». Mon mari a quand même postulé pour des doctorats sans trop y croire et… moins d’un an après, nous y débarquions. C’était donc surtout une opportunité à ne pas manquer !

Depuis combien de temps êtes-vous partis ? Est-ce la première fois que vous vivez loin de chez vous ?
Nous sommes arrivés en septembre 2013, ça fait déjà huit mois ! Pour moi, c’était la première fois que je quittais l’Europe et, alors que j’avais déjà quitté la ville de mes parents, c’était la première fois que je partais vivre dans un autre pays. Pour mon mari, c’est un peu différent : il a passé un an et demi aux USA quand il était tout jeune et a déménagé plusieurs fois entre la Belgique et le Luxembourg dans sa jeunesse.

Les stars en action.
Comment s'est passée l'installation ?
On s’en est plutôt bien sortis. L’essentiel de notre vie a été emporté en deux grosses valises. On a vécu temporairement chez des gens devenus nos amis via le projet « Couchsurfing » et on s’est rapidement intégrés à un groupe de joueurs de jeux de société, ce qui a aussi rendu l’emménagement plus facile grâce à leur aide. Par contre, les standards des maisons de location ici sont  très, très bas. Etat général de la maison, saleté, absence d’isolation et parfois de moyen de chauffage… Et les loyers très, très chers. Faut pas être difficile, donc.

Les Néo-Zélandais sont-ils accueillants ?
Question à double tranchant. Les gens sont très accueillants et n’hésitent pas à entamer la conversation dans la rue et proposer leur aide si peu que vous ouvrez un plan de la ville. Vraiment étonnant et super sympa ! D’un autre côté, les relations sont généralement superficielles et les vrais néozélandais peuvent parfois s’avérer assez hypocrites.

Qu'est-ce qui vous a le plus surpris à Christchurch/en Nouvelle Zélande ?
Les premiers jours, un tas de petits trucs nous étonnait, surtout l’accent kiwi qui ne ressemble pas à l’anglais qu’on avait appris à l’école. Avec le recul, ce que je retiendrais est le fait que les gens restent très positifs et très « allons de l’avant » face à des évènements de leur vie mais aussi face à la destruction de la ville par le tremblement de terre de février 2011. En 2e position, je dirais la circulation : les piétons n’ont pas la priorité, les ronds-points fonctionnent comme des carrefours (va pas t’engager si celui à ta droite vient de le faire, même si tu as la place !) et les gens sont très nerveux voire agressifs dès la moindre petite égratignure faite à leur voiture.

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