jeudi 23 octobre 2014

Dites NON aux photos superflues !

A la regrettée époque de l’argentique, les photos étaient comptées et le choix d’en prendre une était mûrement réfléchi : non seulement le film avait un coût, mais il fallait en plus développer le résultat, ce qui n’était pas gratuit non plus.

Aujourd’hui, avec le numérique de qualité, efficace et accessible, il est courant de voir des touristes avec un énorme Reflex pendu autour du cou, sans même avoir une idée de ce que cette appellation recèle ni des possibilités que pourraient offrir l’appareil s’ils s’y intéressaient un peu plus. Ils se contentent de photographier en rafales la Tour Eiffel, l’Atomium, et ce petit chat parce qu’il est trop mignon. Résultat : entre 15 et 27 photos de chacun des éléments susmentionnés se retrouvent le lendemain sur Facebook pour noyer le fil d’actualités de leurs amis, qui zapperont très vite parce que le changement d’angle de trois degrés entre cette photo-ci et celle-là, on s’en fiche sincèrement.

Vous aurez compris où je veux en venir. Peut-être même que vous vous reconnaîtrez dans le profil de celui dont l’ordinateur croule sous les dossiers « photos » (de vacances ou non) qui prennent des centaines de gigas pour n’être presque jamais consultés, ou celui qui n’arrive pas à décider quelle photo garder (ou mettre sur Facebook) entre deux semblables, alors on les garde toutes. Ne vaut-il mieux pas, finalement, avoir moins de photos, mais bien choisies et plus agréables à consulter ?

Exposons donc notre théorie : pour avoir plus facile à trier les photos, il faut en prendre moins. En prendre moins ?? Non mais vous êtes fous ?? Non, non. Notre société de consommation nage dans le surplus, et nous sommes certains que vous n’avez pas besoin de toutes ces photos. Mais alors, comment choisir ce qu’on photographie ? C’est là que notre théorie intervient, en quatre points qui sont autant de raisons de prendre une photo.

Ooh tu te souviens ?
Quand on a été au concert de Nightwish !
1. Les photos souvenirs

Ce sont les photos que tout un chacun prenait généralement il y a quelques dizaines d’années. Elles sont les témoins d’évènements marquants, anniversaires, moments passés avec des proches, vacances, premier [imaginez selon votre expérience] de bébé… La seule raison de les prendre, c’est de pouvoir les regarder dans un an, dix ans, cinquante ans (si elles ont survécu) et se dire « Oh oui, je me souviens, on a pris cette photo le jour où j’ai acheté mon assiette décorative provençale, le magasin était juste là au coin ! »
Cette catégorie peut aussi contenir des choses étonnantes qu'on a vues et dont on voulait garder un souvenir.


Quelle symétrie, quel talent !

2. Les jolies photos
Les artistes dans l’âme voient parfois un paysage, une scène, une disposition d’objets comme une photo à faire. Ils s’appliquent alors à la réaliser, cherchant le meilleur angle, jouant avec la luminosité et la composition de l’image pour avoir un résultat beau qu’il aura plaisir à regarder et agrandir pour afficher dans le salon et préciser à chaque invité qui passera la porte que cette splendeur absolue est le fruit de son travail.




Moi, j'ai caressé un wallaby-euh !
3. Les photos de frime

Quelque chose d’insolite ou terriblement « kiffant » a traversé votre petite vie tranquille et il faut absolument immortaliser ce moment pour en avoir une preuve et frimer auprès de ceux qui n’ont pas votre chance, ou pas au même moment. Vous pourrez impressionner ou rendre jaloux ceux à qui vous la montrerez, et surtout, vous pourrez la mettre sur un réseau social et récolter un max de « like ». Liste non exhaustive de ce que peut contenir ce type de photo : un plat qui a l’air bigrement appétissant,  des pieds en éventail pointés vers une plage bordée de palmiers avec un bout de transat visible voire un cocktail, pose en compagnie d’une célébrité ou d’un animal peu commun/très mignon, une pile de jeux achetés à Essen… Bref, tout ce qui est pris en photo dans le but d'être montré se classe dans cette catégorie, y compris les "selfies" et les photos de choses inhabituelles, étonnantes ou choquantes.


Réponses : oui, oui, oui...
Pas d'hésitation, je prends cette photo !
Résumons, avant de prendre une photo, il faut se poser les questions suivantes :
- Est-ce que cette photo me rappellera un souvenir significatif ?
- Est-ce que cette photo sera jolie ?
- Est-ce que cette photo suscitera une émotion chez les gens à qui je la montrerai ?

En évaluant ces trois éléments, on renonce beaucoup plus facilement à prendre certaines photos. Parce que pour le côté souvenirs, on a déjà trois photos avec Georgette. Parce que pour le côté artistique, telle autre est déjà plus belle. Parce que personne n’enviera vraiment notre weekend chez l’arrière-grand-tata-par-alliance. Et la quatrième catégorie ? Elle est un peu à part et n’entre pas en ligne de compte dans la plupart des cas.


Pas envie de lire maintenant,
je le ferai plus tard. Clic.
4. Les photos utilitaires

Les photos de ce type sont généralement destinées à être supprimées rapidement. Elles sont prises pour une raison pratique qui peut consister, par exemple, à mettre quelque chose en vente, à identifier un élément (insecte, plante qui suscite la curiosité), à avoir une copie rapide de quelque chose d’écrit (numéro de téléphone, info utile), à avoir le plan de la ville dans son appareil photo pour pouvoir le consulter à tout moment, ou encore créer des preuves au cas où on aurait des comptes à rendre. Elles peuvent aussi être prises dans un but précis, tel qu'illustrer les propos d'un article de blog ou encore conserver une info intéressante lue quelque part.


Après ce premier tri vient celui des résultats. Et là, pas de pitié ! Photo floue ? Poubelle ! Trois exemplaires qui diffèrent d’un rien ? On ne garde que le meilleur ! Photo prise par erreur ? Adios ! Photo peu reconnaissable parce que trop sombre ou trop claire ? Evoûye !


Ces quelques conseils pourraient épargner rapidement beaucoup d’espace de stockage. Et dans tous les cas, moins on a de photos, plus on les regarde. Nous avons testé ce régime pendant trois mois, résultat : perte de 10Go.


Allez, à vous de jouer, maintenant. Et pour cela, un petit exercice-concours ! Dites-nous à quelle catégorie appartient chacune des photos ci-dessous dans un e-mail ou un message privé (pas en commentaire public !). La première personne à nous fournir toutes les bonnes réponses remportera une magnifique carte postale !

PS: Un problème technique nous empêche de numéroter les photos. Elles vont bien évidemment de 1 à 12 dans le sens de lecture.

  




















dimanche 19 octobre 2014

Tonga, partie 2 - Bouffe, culture locale & cocotiers


La mentalité Tongane 

♫ Ce mot signifiiiiie, que tu vivras ta viiiie,
sans aucun souciii ♫
« Hakuna Matata » est probablement la meilleure façon de définir la mentalité des habitants de ces îles. Ils n’envient en rien les pays dits « développés » qui, de leur point de vue, sont noyés dans la violence quotidienne et dans un rythme de vie effréné (ils n'ont pas tort, cela dit). Les Tongans ne se tracassent pas, ils prennent leur temps, vivent leur petite vie tranquille et c’est tout. Ils vont au travail quand ils en ont envie, ferment boutique quand ils en ont envie, et il n’est pas rare d’en trouver certains en train de faire une sieste sur leur lieu de travail – on se demande alors si on doit réveiller cette personne afin d’acheter ce qu’on veut ou si on doit revenir plus tard. Cette absence d’horaire donne une impression d’organisation chaotique, mais au moins, ils connaissent leurs priorités : rien de tel que de retrouver sa famille et passer de bons moments avec eux.


Les bus 

Il est de ces expériences que nul ne doit manquer lorsque l’occasion se présente. Prendre un bus à Nuku’alofa est certainement l’une d’elles, où la banalité d’un acte quotidien se transforme en une aventure sans pareille. La première de nos surprises était de constater que les bus ne sont eux aussi que des amas de ferraille qui ne semblent fonctionner que grâce à la foi inébranlable des autochtones. Mais bon, si les locaux s’en sortent comme ça, c’est que ça marche. La deuxième, c’est l’absence totale d’horaire : chaque chauffeur a son bus, démarre quand il le décide et s’arrête pour faire monter des voyageurs là où ils attendent, parfois à dix mètres d’intervalle. Sur de la musique reggae à plein tube, le bus rampe à travers la campagne vers sa destination. Comment s’arrêter ? Il suffit, à l’approche de sa destination, de crier au chauffeur où l’on veut descendre. Aussi simple que ça ! 

Quelques visites

Voilà à quoi ressemble un musée à Tonga.
Il est temps de parler de nos escapades ! Comme vous l'avez peut-être deviné, la première, une visite de musée, était relativement typique dans son imprévisibilité. Un des fameux bus brinquebalants nous arrête devant un hôpital où nous n’aimerions pas être soignés, puis nous marchons quelques dizaines de mètres vers la position supposée du musée. Plusieurs bâtiments non identifiables se suivent et se ressemblent, certains étant gardés par une personne. Nous demandons à l’une d’elles où se trouve le musée. Elle nous amène vers son sympathique collègue Asipolo qui nous accompagne pour une visite des lieux. Une immense salle vide présente des photos mal conservées sur ses murs, montrant ce qu’était le Tonga traditionnel avant son européanisation. Plus loin, une sorte d’amphithéâtre où des danses se font parfois. Puis, enfin, l’unique salle des mariages de la ville, avec des airs de rêves tropicaux, où toutes les cérémonies et réceptions se font.

Etonnés de ce qu’ils appellent un musée, nous menons notre enquête pour apprendre que le véritable musée a été déplacé vers le centre-ville (là d’où on vient) et que les bâtiments sont devenus une école de tourisme. Après avoir hésité à proposer l’improvisation d’un cours de français dans une classe ouverte où les élèves semblent plus s’amuser qu’apprendre, nous retournons vers la ville afin de trouver ce fameux musée. À la place, nous visitons un centre d’art traditionnel de créations faites à la main. Ce n’est que quelques jours plus tard, quand nous avons enfin trouvé l’office du tourisme, que nous apprenons que le musée a été en réalité fermé. Donc il n’existe plus, mais personne n'est au courant apparemment...

Même Rennie est impressionné
Au programme de la journée suivante, les fameux Blow Holes, sortes de geysers maritimes où l'eau de mer rentre dans des galeries sous-marines avant d'en être expulsée à des dizaines de mètres en hauteur. En permanence et de façon très erratique, les colonnes d'eau jaillissent de la mer avec un whoooosh très sonore. Impressionnant, d'autant que ce phénomène peut s'observer sur une bande de plusieurs kilomètres le long du littoral. Comme il s'agit de l'unique site touristique du coin ou presque, les vendeurs de babioles faites main y affluent pour espérer gagner quelques paanga. En version tongane, ça signifie que trois ou quatre personnes se disputent une maigre clientèle sporadique et que les objets vendus sont vraiment fait main, et sur place: il n'y a de toute façon personne la plupart du temps, il faut bien qu'ils s'occupent.


"Fait main", façon de parler, ils y mettent les pieds aussi.

Afin de visiter les recoins peu accessibles de l'île, nous avons opté pour la location de taxi-guide touristique personnel pour la journée, une option bizarrement moins chère que de louer une voiture. Seulement, entre un gros rocher érigé il y a 1000 ans par-ci, une réserve de chauve-souris par-là, en passant par des cocotiers à deux têtes, le tour des attractions est vite fait. Heureusement, on peut se rattraper sur la nourriture !

La nourriture

Le Polynésien aime manger, et ça se voit. D’ailleurs, les pays ayant le plus haut taux d’obésité au monde ne sont pas les USA (même si c'est le premier des pays dits développés), mais, dans l’ordre, Nauru, les îles Cook, Tonga et Samoa. 88% des Tongans sont trop gros, bam ! Vous imaginez donc que votre serviteur faisait tache parmi ces masses de géants qui poussent autant verticalement qu’horizontalement. L’avantage, c’est que la nourriture, en plus d’être fraîche et délicieuse, y est abondante. Nous eûmes l’occasion de nous en rendre compte lors d’un de ces festins que les habitants des îles savent si bien préparer.


Kids, don't do this at home.
Le banquet traditionnel auquel nous avons participé mélangeait touristes et locaux et se déroulait dans une grotte bordant une plage de sable fin. Au menu, des spécialités du pays tels le ‘ota ‘ika (poisson cru mariné dans du jus de citron et du lait de coco), de la pieuvre, du poulet , et même un cochon entier (avec la pomme dans la bouche, s'il vous plait !). En guise de dessert, il n'y a plus qu'à se servir parmi les bananes qui pendent en grappes au plafond, comme des couilles d’éléphant. Le repas était suivi d’une démonstration de danses traditionnelles, dont une dase du feu (le plus jeune avait 11 ans !) et une sorte de hula exécuté par de jeunes filles enduites d'huile, sur lesquelles certains spectateurs venaient coller un billet. Pour clôturer la soirée, une des organisatrices, très humble, nous a adressé un discours nous invitant à partager nos avis et nos suggestions, car le tourisme est encore quelque chose auxquel ils sont peu habitués et qu'ils voudraient s'améliorer tant que possible. Touchant et très représentatif de leur mentalité.


Une bonne manière de soutenir l’économie d’une région est de financer des projets scolaires. Nuku’alofa abrite justement une école de restauration, qui propose régulièrement des repas préparés et servis par les étudiants. Nous n'avons pas hésité une seconde. Une expérience digne d’un 5-étoiles pour une quinzaine d’euros par personne, nous n’allions pas nous priver ! Les étudiants étaient vraiment dédiés à leur tâche, voulant nous offrir la meilleure expérience possible, allant jusqu'à nous installer sur nos chaises et étendre une serviette sur nos genoux. Nous n’avons pas été déçus ! La qualité des plats dépassait de loin ce que nous avions mangé depuis des lustres. Nous étions, excusez l’expression, sur le cul.


Simply le meilleur poisson que j'aie jamais mangé.


Farniente et un tout petit peu d'activité physique

Quand on a la possibilité de faire
le con, autant en profiter.
Quoi de plus attrayant que de passer une matinée sur une île privée avec une dizaine d'autres touristes, à part passer cette même matinée sans ces touristes à la con ? Des dizaines d'îles miniatures couronnent Tongatapu, l’île principale. Nous nous sommes donc rendus sur l'une d'elles en passant par un petit bateau à moteur sur lequel on était contents de ne rester que dix minutes. Très relax, c’est cool de faire le tour d’une île en une demi heure. C'est tout aussi cool d'observer comment une épave réelle peut occuper des nageurs autant que les répliques occupe les poissons dans un aquarium. Et de regarder quelqu'un apprendre à faire du surf tiré par un cerf-volant, se plantant régulièrement. Et puis s'installer et lire un peu dans ce cadre de rêve. Et aussi, l’eau est super bleue.

Au retour, pour compenser la farniente, il fallait quand même qu'on s'adonne à quelque sport aquatique, ne fût-ce que pour se donner bonne conscience. La plongée n'étant pas une option à cause de l'appréhension de Laëtitia, nous nous sommes tournés vers les kayaks gracieusement offerts par l'hôtel. 

Petite anecdote culturelle pour la route

Afin de briller en société, il est important de savoir lâcher à l’assistance un random fact (fait anecdotique qui ne sert à rien sinon à impressionner son public), à un moment le plus arbitraire possible. Aussi nous vous proposons-nous celui-ci en guise de conclusion : le mot  « tabou » est d’origine tongane. Il signifie « sacré » et a été introduit dans la langue anglaise par le fameux capitaine Cook (celui-là même qui est aussi allé en Australie, en Nouvelle-Zélande et a été bouffé par les Hawaiiens) lorsqu’il retranscrivit le nom de l’île principale de Tonga, Tongatapu. A ressortir lors de votre prochain souper mondain.